Voyager un an en fiat panda : entre sobriété et logistique
- Baptiste Fageolles
- 9 janv. 2022
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 janv. 2022
« Partir un jouuuur pour un tour, c'est facile, vraiment du velours, t'as rien à emporter, juste te laisser bercer, tu retrouveras ton chez-toi bien ordonné... » Réécriture des 2B3 par Baptiste pour illustrer la simplicité logistique du voyage court. Ce qui n'est pas notre cas.

En théorie :
Partir un jour est en effet bien simple quand on a uniquement à prévoir de quoi subvenir à ses besoins de la journée : de l'eau, un casse-croûte, un pull ou une casquette selon la saison et le tour est joué.
Partir un an en voyage est une autre paire de manches, surtout quand nous avons fait le choix de rendre nos appartements pour ne pas en payer les loyers et de conserver la voiture de Justine, une petite Fiat Panda adaptée à son usage citadin quotidien. Nous avons décidé de conserver nos maigres finances en cas de coups durs plutôt que d'investir dans un van aménagé, que nous n'aurions pas eu le temps d'aménager nous même. Il nous a semblé plus judicieux d'utiliser ce que nous avions déjà à disposition pour voyager.
Nous ne discuterons pas les aspects de consommation énergétique dans cet article, même si c'est une voiture citadine, donc peu adaptée à faire de grandes distances, sans parler du prix au litre qui explose à la pompe.
Nous discuterons ici plutôt la question des bagages, c'est-à-dire, qu'est ce qu'on emporte quand on part en voyage un an, de quoi on a besoin, dans quel état d'esprit on se met, qu'est-ce que ça implique de lâcher, qu'est-ce qu'on oublie... Bref, on avait envie de vous donner un petit aperçu de nos préparatifs et de notre chemin intérieur pour préparer ce grand voyage.

Nous sommes donc parti.e.s avec ce constat : c'est en fiat panda que nous allions voyager en essayant de réduire au maximum nos investissements. Nous avons donc oublié l'option coffre de toit qui, en plus d'être coûteuse ajoutait de la prise au vent sur un véhicule déjà peu adapté à de grandes distances. Nous avons pris cette contrainte de départ comme une première invitation à la sobriété : comment vivre aussi bien avec moins, comment réduire le nombre de « au cas où » en nous recentrant sur nos vrais besoins, sur le nécessaire. Dégraisser le superflu pour revenir à l'essentiel ne veut pas non plus dire se priver de tout, par exemple nous avons fait le choix de partir avec la guitare pour continuer à chanter ensemble, avec un ou deux jeux de société car jouer est important pour notre équilibre, avec une seconde tente deux places pour y garder des affaires ou se laisser la possibilité de ne pas dormir ensemble un soir. En revanche, on a laissé dans les cartons (une partie de) la collection d'épices de Baptiste, les vinyles et la bibliothèque débordante de Justine (bon, on a quand même pris quelques bouquins). Vous l'avez compris, remplir la voiture a déjà été un premier exercice de « vivre autrement ».
Pour ne rien oublier, nous avions listé, en amont du départ, ce que nous souhaitions emporter, en le structurant en onze catégories : vêtements, couchage, hygiène, électronique, documents/papiers, voiture, sacs, bric-à-brac, trousse à pharmacie ainsi que le matériel d'école de Justine et mon matériel de cuisine pour exercer nos activités professionnelles dans les lieux visités.
En pratique :
Nous avions à disposition cinq grandes caisses plastiques dont les dimensions collaient parfaitement au coffre, nous les avons donc utilisées pour optimiser le rangement, en les attribuant aux usages suivants :
Bric-à-brac/cuisine quotidienne,
Affaires Justine,
Cuisine Baptiste,
Hygiène,
Papeterie.
Sachant que nous allions partir près de 10 mois, de août 2021 à juin 2022 environ et donc vivre deux bouts d'été et un hiver, et au vu de la quantité d'affaires que nous allions emporter, nous avons opté pour la solution de partir avec nos affaires d'été uniquement. Nous avions prévu un petit kit de survie constitué de pulls, d'écharpes et de chaussettes chaudes, à troquer contre maillots de bain et tenues légères, placé stratégiquement chez nos parents (merci à eux!).

Mais concrètement, qu'est ce qui se cache sous ce coffre tellement bien rangé qu'il ferait pâlir de jalousie Marie Kondo ? Les éléments les plus volumineux de notre paquetage :
Nos 5 caisses,
Un sac de randonnée chacun.e pour nos vêtements (40 et 50L),
Un sac de chaussures car entre les baskets, les bottes (campagne en hiver oblige) et les chaussures de rando, ça prend de la place !
Une guitare pour pousser la chansonnette,
Un sac de bazar et affaires vitales chacun.e (livres, matériel électronique, affaires de tout les jours),
Un duvet chacun.e (on recommande chaudement le duvet 0°C en coton de décathlon malgré son fort encombrement), deux oreillers et un plaid,
Deux tentes (une deux places pour la logistique et une trois places pour dormir, et oui on s'est accordé ce petit confort bonus).
Un sac de nourriture qui s'est ajouté en cours de route.

On s'est aussi accordé quelques extras, essentiels ou non essentiels, tout est une question de perception (comme on a pu le voir ces dernières années #Covid) :
Quelques jeux de société : citadelles (férocement négocié car la boite est grosse), love letters, codex naturalis...
Des douceurs grappillées sur le chemin : bières, vin, conserves maison...
Des bouquins papier car quand même, sur une liseuse c'est pas aussi bien : « La convivialité » d'Ivan Illich, « Comment tout peut s'effondrer ? » et « L'entraide, la deuxième loi de la jungle » de Pablo Servigne, « Le parfum » de David Suskind...
Quelques exemplaires du magazine Yggdrasil qu'on adore !
J'ai essayé de négocier pour emmener ce gros chat trop mignon qui voulait élire domicile dans notre coffre de voiture mais Justine m'a dit que comme il appartenait déjà à quelqu'un.e ça s'appellerait du kidnapping (ou catnapping si vous préférez...).
Bref, un savant mélange entre impérieux nécessaire et indispensable superflu, du grain à moudre pour se demander « mais de quoi a-t-on vraiment besoin ? » car on le sait bien, la nature à horreur du vide.
Et vous ? De quoi pourriez-vous vous séparer ? Qu'emporteriez-vous au bout du monde ? Ou de la France ? ;-)
Du sweet et du croc sur vous !
Baptiste et Justine
PS : Et oui parfois quand on part un an en vadrouille on mange dans la voiture ;-)

Merci, cela fait réfléchir effectivement... on est tellement bien dans notre confort! difficile de lâcher le nid douillet... Même si la sobriété et le zéro déchet sont entrés dans ma vie, je ne suis pas sure que j'arrive à tout rentrer dans une Fiat panda!! Je vous trouve très courageux d'avoir entrepris ce magnifique voyage.