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Sainte-Camelle : se transformer pour transformer le monde

Dernière mise à jour : 11 sept. 2021



Il faut dire ce qui est : quand on est arrivé.e.s à Sainte-Camelle, on ne s'attendait pas du tout à ça. Encore imprégné.e.s du week-end de partage très authentique et un peu « roots » à Ecolectif, ça nous a fait tout drôle d'arriver dans ce magnifique écolieu, très rodé en terme d'accueil du public : à peine les tentes plantées que nous attendait déjà un programme de semaine très calibré, avec beaucoup de formation et une trentaine de participant.e .s à cette semaine immersive payante. Nous qui nous attendions à mettre les mains dans la terre et à expérimenter concrètement la vie des Camelitos (comme s'appellent les habitant.e.s de Sainte-Camelle), on s'est senti.e.s plutôt en mode « colo de dév perso* » avec la formation le matin, des activités l'après-midi, des soirées à thèmes et des repas tout compris.

*développement personnel


Il faut avouer qu'après une semaine de camping assez difficile, nous faire chouchouter et retrouver une nourriture de qualité nous faisait vraiment plaisir, et du bien !



Mais on n'était pas forcément très convaincu.e.s de l'authenticité de l'expérience dès le début, et par cette forme un peu « verticale » d'organisation...


Et puis, on s'est laissé.e.s apprivoiser. Par le lieu, les habitant.e.s, et les participant.e.s. On a décidé de ne pas comparer et de retirer de la semaine ce qu'on nous en offrirait, et ce qu'on voudrait bien en recevoir. Et pour recevoir, on a reçu de belles choses !


Une semaine de formation

D'abord, on a reçu une formation très riche par Dane, l'une des membres fondatrices du lieu, qui a 25 ans d'expérience de vie en écolieu, d'abord en Bretagne, avant de fonder l'écolieu de Sainte-Camelle il y a 15 ans (dans l'Ariège). Forte de son expérience, elle nous a appris les secrets de la durée de vie d'un collectif (qui sont aussi, selon elle, à peu près ceux d'un couple) : partager un idéal de vie commun, appelé aussi « vision » ou « raison d'être du lieu » (le « pourquoi » du lieu) ; laisser s'exprimer différentes manières d'incarner concrètement cette vision (les « comments » du lieu) ; convenir d'un rythme de construction du lieu, de mode de vie et de concrétisation pour les projets qui convienne à tou.te.s ; avoir une bonne relation avec la mairie ; une bonne alchimie relationnelle sur le lieu ; et surtout, surtout, soigner son « écologie intérieure » (on vous explique juste après ce que c'est).



Dane a aussi beaucoup mis l'accent sur la propre responsabilité de chacun.e à être heureux.euse et à créer la réalité qui lui convient, l'ingrédient nécessaire pour une vie de bonheur et une expérience de vie en collectif réussie.


Son « enseignement puzzle » (forme d'enseignement qui ne suit pas forcément une organisation claire et structurée mais se construit plutôt au fur et à mesure par les interventions et apports de chacun.e) nous a parfois laissé.e.s un peu perplexes, mais c'était le but, et surtout, les questions posées nous aidant à nous positionner étaient toujours justes et nécessaires.


Les temps de formation étaient complétés par des mises en pratique de travail en petits groupes d'environ 10 personnes, pour réfléchir ensemble à nos raisons d'être, à sa matérialisation concrète, à nos freins et peurs pour vivre en collectif. L'occasion de beaux moments d'échanges, forts et authentiques !

« Ecologie intérieure », kézaco ?

La raison d'être de Sainte-Camelle est : « se transformer pour transformer le monde ». Autrement dit, pour les Camelitos, l'important est de travailler sur soi, sur ses parts de lumière, d'ombres, les envies, les peurs, que vient réveiller et/ou éclairer la vie en collectif, pour transmuter tout cela et devenir chaque jour un peu plus la « meilleure version de soi ». Cette transformation intérieure engendre une transformation extérieure, puisque les Camelitos croient en la puissance de l'intention et de l'énergie (principe de psychologie quantique) : nous créons la réalité que nous vibrons car toute vibration d'amour (ou a contrario, de peur) se répercute sur le monde autour de nous et nous attirons à nous les énergies que nous dégageons.


Ainsi, dans cet esprit, les Camelitos se réunissent une fois par semaine pour une veillée de chants et de mantras (des formules rituelles sacrées) de paix et d'amour qu'ils/elles envoient au monde entier, et à laquelle on a participé (petits extraits ci-dessous).




Chanter pour la paix et l'amour, c'est bien beau nous direz-vous peut-être, mais plus concrètement, que fait Sainte-Camelle pour améliorer le monde ? Leur petite boutique « Namasté », qui vend entre autres des CDs, des bijoux et de délicieuses glaces vegans, envoie tous ses bénéfices à des associations de développement en Inde, et pendant de nombreuses années, le lieu a accueilli des jeunes en situation de vie difficile (jeunes de foyer, en sortie de centre de détention...) pour les accompagner à retrouver un chemin de vie plus serein et lumineux. Sainte-Camelle a aussi monté un café associatif pendant 3 ans. Là encore, le principe de responsabilité individuelle prévaut : à chaque habitant.e du lieu de manifester concrètement son propre « transformer le monde ».



De l'écologie intérieure à l'écologie extérieure

Vous l'aurez donc compris, le focus de Sainte-Camelle est l'écologie intérieure, et comme notre intériorité est le reflet de l'extérieur, une attention est aussi donnée à l'écologie extérieure. Alain, l'un des membres fondateurs de l'écolieu, nous a montré les quelques incontournables astuces écolos du lieu : les toilettes sèches, qui ici sont un peu spéciales : on sépare les toilettes « pipi » des toilettes « caca » pour éviter les mauvaises odeurs dues à l'urine ; les douches solaires qui fonctionnent très simplement grâce à un tuyau noir qui chauffe dans un caisson isolé type four solaire et permet une sortie d'eau chaude qui peut atteindre jusqu'à 80 degrés ; des fours solaires dont l'un a été fabriqué par la société BoliviaInti en Bretagne et l'autre fabriqué main par les habitant.e.s ; les lave-mains bricolés ingénieusement pour économiser l'eau ; bien sûr la récupération des restes alimentaires à l'atelier vaisselle pour servir de compost pour le potager en permaculture ; et enfin la superbe cuisine collective d'été tout au feu de bois (four et planchas) qui leur permet de cuisiner en grandes quantités tout en faisant chauffer de l'eau. Par ailleurs, les Camelitos ont fait le choix d'une alimentation entièrement biologique et vegan (dont une partie est produite par le potager, le reste étant fourni en local), et on s'est régalé.e ! Cela a donné à Baptiste plein de nouvelles idées, il a même piqué des recettes ;-)


Il faut préciser que ces astuces écolos ne sont utilisées que par les visiteur.e.s du lieu ; dans leur logement, les Camelitos chauffent leur eau avec des panneaux solaires, se chauffent majoritairement au poêle de bois, font eux-mêmes leur propre compost et ont leurs propres toilettes sèches.

Ils fabriquent aussi du savon bio qu'ils/elles utilisent et vendent au Namasté (on a participé à l'atelier Fabrique ton savon et on est maintenant des pros ! ;-) ), et pour la lessive, ils/elles ont une buanderie commune avec des machines à laver 2.0 mais pas de lessive : ils/elles utilisent une macération de cendre filtrée issue de leur chauffage (1 tiers de cendre pour deux tiers d'eau et 5 jours d'attente pour que ça potasse), cendre qui est aussi utilisée pour faire la vaisselle (mais on avoue que ça, ça nous a laissé dubitatif.ive, la cendre sous les doigts, ce n'est pas très agréable!).



La « recette » de l'alchimie relationnelle

Pour cultiver une bonne alchimie relationnelle, les habitant.e.s du lieu (une douzaine à y vivre actuellement) ont fait un choix d'habitat et de modèle économique particulier : ils/elles vivent toute dans la bâtisse principale, qui a été divisée en plusieurs appartements particuliers de taille variable (seule une habitante vit en tiny house). Pour devenir habitant.e du lieu, il faut donc acheter un des appartements (prix variable en fonction de la taille) plus une part fixe de terrain (le tout étant géré par deux SCI, l'une pour les appartements et l'autre pour le terrain/activités économiques). De plus, les habitant.e.s du lieu s'engagent à travailler principalement sur le lieu, et peu à l'extérieur. Chacun.e fournit quelques heures de travail par semaine par part pour le collectif en s'investissant dans les différents pôles : le pôle accueil, le pôle espace vert, le pôle maintenance, le pôle maraîchage, le pôle compta / administratif, le pôle ménage / entretien..., et une grande partie de l'économie du lieu vient de l'accueil des stages et des formations sur le lieu, ainsi que de l'accueil en gîte et dans les cabanes en bois. Cela permet à chacun.e d'avoir un petit « salaire ». Les habitant.e.s peuvent ensuite avoir des activités complémentaires et personnelles sur le lieu : massage shiatsu, ateliers musicaux, réflexologie, entre autres choses.

Venir habiter à Sainte-Camelle, c'est donc repenser son habitat mais aussi son métier !


On leur a demandé si le fait de vivre et de travailler quasiment exclusivement sur le lieu ne créait pas trop un effet « vase clos », mais pour elleux, les nombreux passages des visiteur.e.s et stagiaires permettent un brassage continu et des rencontres riches avec l'extérieur (tou.te.s les Camelitos mangent d'ailleurs avec nous pendant les repas du stage) ; ils/elles sont par ailleurs investi.e.s dans la vie locale (ils/elles ont participé au dépouillement des dernières élections municipales) ; et surtout, être ensemble, c'est pour elleux le secret de leur alchimie !


Les Camelitos n'utilisent pas d'outils particuliers habituels (comme la sociocratie dont on vous a déjà parlé, ou encore la Communication Non Violente – on vous en reparlera) pour bien vivre ensemble. Ils/elles pratiquent plutôt ce qu'ils/elles appellent « le cœur à coeur », une forme de dialogue ouvert et centré sur soi qui permet de « traiter les désaccords sans arriver jusqu'au conflit ». L'idée : quand une tension nous traverse lors d'une situation, on prend le temps d'accueillir et de vivre son émotion seul.e (étape 1), on se demande ensuite en quoi cette émotion fait écho à notre histoire personnelle, est-ce qu'on l'a déjà vécue (étape 2), et enfin on se demande quel est le « cadeau » que la situation nous amène, autrement dit quel enseignement tirer de cela, ce qui apporte une forme d'apaisement et de sens à l'épreuve vécue (étape 3). Une fois le cheminement achevé, on va voir la personne avec qui on a eu cette tension, et on lui demande de réfléchir à cette situation. La personne suit le même processus, et une fois celui-ci terminé, les deux personnes peuvent échanger de manière apaisée sur cette situation et se remercier l'une l'autre pour le cadeau qu'elles se sont apportées mutuellement. Bon, cela ressemble quand même à une forme d'outil (certes personnel) et malgré une après-midi de mise en pratique, on n'est pas encore bien certain.e de notre capacité à faire pareil, mais la démarche est intéressante !


En conclusion, pour citer Dane : « Le travail intérieur est LA recette. »


Joie et humour

En tout cas, force est de constater que grande alchimie il y a entre les habitant.e.s : on a pu être témoins pendant une semaine de la joie des Camelitos à être ensemble, dans les nombreux échanges de blagues entre elleux, mais aussi les moments de chant partagé qui ont lieu plusieurs fois dans la journée. D'ailleurs, les Camelitos ne manquent pas d'humour : pour écrire une chanson de gratitude en reprenant du Johnny, il en faut une sacrée dose, assurément (« Graaaatitude ! Graaatitude ! Graaaaatitude » sur l'air de « Que je t'aime » ) !



Alors bien sûr, tout ne doit pas être toujours rose et encore une fois, on était en stage donc on n'a pas forcément vu les côtés plus « sombres » (s'il y en a) de ce collectif, mais baigner dans cette bonne entente joyeuse, c'était quand même très sympathique !

Cette joie, ils/elles parviennent à l'essaimer autour d'elleux grâce à la soirée de chant partagé qui est un de leurs incontournables, mais aussi les soirées « Partage ton kiff » qui ont permis à chacun.e des participant.e.s d'offrir pendant 5 minutes à l'ensemble du groupe un « kiff », ou un talent, et de dévoiler toute la richesse du groupe. Au programme : chant, danse, improvisation, mime, déclamation de poème, partage d'une anecdote ou encore conte pour bien dormir... il y en a eu pour tous les goûts !


Harmonie et beauté


Enfin, on a beaucoup aimé tout le soin particulier accordé par les Camelitos à l'harmonie du lieu et à sa beauté. On vous l'a dit, en arrivant, on a été soufflé.e.s par la beauté du lieu! Beauté naturelle bien sûr, avec une vue magnifique et très méditative sur les montagnes, mais aussi beauté recherchée par les habitant.e.s qui soignent les moindres détails : du magnifique chapiteau octogonal sans poutre au milieu (une première dans la région) qui accueille les moments collectifs, aux petites décorations qui ornent le lieu (jusque dans les toilettes sèches), en passant par l'attention portée à la présentation des délicieux repas préparés avec beaucoup d'amour (« l'ingrédient secret » de toute chose réussie), et de jolis messages à grapiller disséminés un peu partout, on en a pris plein les mirettes! Comme quoi, vivre davantage dans la sobriété n'empêche pas à la beauté de s'exprimer.



Bref, pour faire un bilan plus synthétique, même si le format stage n'est pas, selon nous, le plus approprié pour réellement entrer en immersion dans le quotidien des Camelitos et qu'il y a le risque de ne voir qu'une « vitrine » du lieu, on est heureux.euse à travers ce stage d'avoir reçu une formation qui nous a fait grandir, nous poser des questions importantes, qui nous ont parfois dérouté.e.s, voire chahuté.e.s ; d'avoir reçu beaucoup de joie et de beauté qui sont pour nous les maîtres-mots du lieu ; d'avoir reçu un tel soin dans l'accueil et de constater que la sobriété peut s'allier à une forme de confort et de beauté ; et surtout, d'avoir fait plein de belles rencontres qui nous ont marqué.e.s dans le vivier de participant.e.s. La force de Sainte-Camelle tient aussi à cela : permettre à des personnes conscientes et diverses de se connecter les unes aux autres pour vivre des moments forts de partage, avec comme credo : l'humain au cœur du collectif !



Crédit photo par drone : Seb Pouts

Après un détour de 767 kms par la Normandie pour le mariage champêtre de nos super ami.e.s (encore félicitations aux nouveaux marié.e.s !!! <3), on redescend tranquillement vers le Village Démocratique de Pourgues pour la suite de nos aventures la semaine prochaine.



A tout bientôt !

Du sweet et du croc sur vous,


Justine et Baptiste


PS : si vous voulez découvrir la tiny house de Camille, habitante de Sainte-Camelle, c'est par ici ;)


Et si vous voulez en savoir plus sur l'entreprise des fours solaires : http://www.boliviainti-sudsoleil.org/

 
 
 

2 comentarios


Merci Justine pour ce 2eme récit très bien écrit (quelle plume 😉), rythmé, renseigné, non dénué d’humour, qui donne envie de plonger dans cette nouvelle découverte ! J’avoue un petit tour à Sainte-Camelle comme stagiaire me plairait bien tant l’atmosphère y semble vraiment agréable ! J’ai aimé le témoignage de Camille dans sa tiny house et la technique du « coeur a coeur » a tester sans modération ! 🥰

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Justine Fleur
Justine Fleur
03 sept 2021
Contestando a

Merci Clarisse 😊

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