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AlterVie Genèse de projet - Début de l'histoire (Vision de Baptiste) 🍃🌱



« Il n’y a rien de réellement plus artistique que d’aimer les gens » - Vincent Van Gogh

Ma vie a commencé sur des rails, l’école, le collège, le lycée, les repères, l’identification aux parents comme modèles de réussite, le cadre familial rassurant, les schémas construits, la petite musique que l’on te joue à chaque étape, chacun avec son prisme, sa vision, son opinion de ce qui est le mieux pour toi. Chacun te susurre ce qu’il croit être juste pour toi : « Tu as des facilités, tu devrais aller en scientifique » ; « Si tu ne sais pas quoi faire, fais des études longues si tu en es capable » ; « la prépa c’est vraiment la voie royale pour intégrer une école d’ingénieur » …


Je ne sais pas si c’est le syndrome du bon élève mais j’ai toujours été assez bon partout, dans la moyenne « tolérée » par les professeur.e.s, mon minimum syndical pour ne pas être embêté. Félicité sans que j’aie à m’y reprendre trop de fois. La facilité docile de faire ce qu’on me demande. Tellement rassurant. Passionné variablement par ceux qui savaient me passionner mais sans que rien ne dure vraiment. Des hobbys à la pelle, une dizaine de sports pratiqués, du rugby à la danse, de l’équitation au tennis, sans qu’aucun ne retienne vraiment mon attention.


Puis le temps de l’orientation est venu. Le temps de choisir. Repoussé au plus tard possible. Je ne sais pas quoi faire donc je ferai ingénieur comme mes parents, c’est mon modèle, ça me sécurise et puis ça m’assure un confort matériel et social. Le choix est repoussé jusqu’à la spécialité, rien ne m’inspire mais bon, l’avantage de la logistique c’est de pouvoir choisir son secteur plus tard. Jusqu’au moment où repousser n’est plus possible. 23 ans, sortie d’école, la prépa n’a pas été une grande partie de plaisir, l’école d’ingénieur non plus sans parler du fait que les perspectives ne me vendaient pas du rêve.


Heureusement, sur le chemin, j’ai croisé une lumière, la petite étincelle qui était là depuis le début mais que je n’avais jamais vraiment prise au sérieux : la cuisine. Top Chef, malgré la vision très biaisée et enjolivée qu’elle offre du métier de cuisinier, aura au moins eu cet effet bénéfique là, entrer en résonnance, rendre visible, permettre de se projeter. La perspective d’un ciel radieux se laisse entrevoir alors j’ose changer de cap, un empannage à 180°. On prend les mêmes et on recommence, avec tout ce que ça comporte de remise en question, de doutes, d’appréhension. Il n’y a pas d’âge pour passer un CAP cuisine mais quand on ose bifurquer, on se sent vite à la traîne. De quoi ? De qui ? D’une certaine idée de ce qu’est la perfection dont sont construits nos modèles ? De ce besoin de bon élève de se conformer ? Aucune idée.


Et puis il y a les épreuves, celles qui ne font pas plaisir mais qui font grandir si on ne les laisse pas nous détruire. « Tu sais que j’ai très envie de t’en coller une dans la gueule là ? » ; « De toute façon tu as perdu l’envie, tu n’arriveras jamais à rien dans ce métier, le rouleau compresseur de la cuisine va te passer dessus » ; « Tu t’en vas ? Tu te crois tellement meilleur que nous ? » ; « Ah c’est agaçant d’être pris pour un con hein ?! ». Premier CDI et première démission deux mois et demi après, la claque est soudaine, je ne l’attendais pas celle-là… Rebondir ça et là, découvrir que le monde du travail ça peut aussi être peuplé de gens sans scrupules et sans conscience, se laisser cantonner par naïveté à des jobs de bouche-trou, être en coupure de 9h à 15h puis de 17h à 23h, bosser sans contrat, etc. Tout ça pour finalement se dire qu’ici non plus les perspectives ne sont pas très enviables.


Pourquoi ne pas chercher une solution hybride ? Donner une chance à ce métier de logisticien ? Une recherche google sur « conseil logistique alimentation » et hop me voilà un peu par hasard dans un cabinet de conseil où les gens se battent pour rentrer. Je me sens un peu erreur de casting mais cet environnement bienveillant où les gens font confiance à mon intelligence me montre que les conditions de travail sont primordiales pour mon bien être. La confiance en soi se rebâtit peu à peu.

Deux ans et demi passent, l’attrait de la nouveauté aussi. Powerpoint et Excel finissent par avoir raison de ma motivation et un matin mon corps ne peut plus être contraint à s’asseoir encore une journée de plus devant un ordinateur, il me dit que la vie est autre part. Peu importe, il me faut du concret, du sensoriel. Tant pis s’il faut que je rechange d’avis et que je retourne en cuisine pour être heureux. Maintenant je n’écouterais plus que ce qui groove en moi. La cuisine m’appelle à nouveau alors je me reconvertis encore mais je me jure de ne plus jouer que selon mes propres règles. Mes jambes veulent marcher. St Jacques de Compostelle ? L’Italie ? Et puis quinze jours avant de prendre la route tout s’arrête. Pandémie mondiale.


Les questions suspendues dans mon esprit reviennent en bloc. A quoi ai-je envie de dédier mon énergie ? Quelle perspective de vie m’appelle ? Quel monde ai-je envie de contribuer à construire ?

Avec Justine, nous partageons des envies de plus de justesse, d’une écoute fine de nos besoins, de mettre nos actes en cohérence avec nos valeurs, de vivre plus proches de la nature. Elle me propose de participer à un stage sur la thématique du « terrain commun » qui génère chez moi beaucoup d’angoisses sur le papier, mais une fois dans le bain du collectif, c’est le cheval fou de l’enthousiasme qui prend les rênes et je vis une expérience émotionnelle extrêmement forte, dont je ressors avec une envie d’expérimenter cette vie en collectif et un rayon de soleil dans le cœur : « et pourquoi pas ? ». Là ça groove !


A la fin de l’été, après deux mois de liberté au milieu de la nature, le retour à Paris est difficile. Difficile de revenir à la frénésie de la ville, aux produits sous plastique, au béton, à la pollution et aux transports en commun. Heureusement, je découvre l’association Ernest qui me montre qu’une autre cuisine est possible, cohérente, respectueuse, au service et qu’on peut faire de belles choses quand on sollicite l’intelligence collective.

Le projet Altervie naît de ces dissonances, de toutes ces hésitations, de ces doutes, de ces questionnements, de ces joies et de l’envie de mettre tout ça en cohérence. Aller explorer de nouveaux chemins, accepter de sortir des rails, de descendre du train et de marcher, même si ça va moins vite, même si c’est fatiguant, même si on ne peut pas emporter autant d’affaire dans ses valises. Ce projet n’aurait jamais vu le jour sans celle avec qui je partage ma vie, Justine, car c’est de l’étincelle de nos résonnances que ce projet est né. D’une envie commune d’explorer, d’une curiosité partagée pour cette quête de justesse et de l’envie de se donner du temps, de vivre l’ici et le maintenant, de sortir de l’optique que l’on nous vend pour nous maintenir prisonniers « si j’en bave maintenant ça sera mieux plus tard », s’autoriser à prendre des chemins de traverse, faire des détours et expérimenter. Est-ce que ce mode de vie sera le nôtre demain ? Aucune idée, seul l’avenir nous le dira. Dans tous les cas on a l’envie d’aller découvrir ça ensemble, de prendre un an sur la route des écolieux, écovillages et écoles à pédagogie alternative pour découvrir de nouvelles façons d’habiter le monde.


Seul on va vite, ensemble on va loin...



Photo : Stellaires, plante sauvage comestible de la famille des Caryophyllaceae

 
 
 

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